Alexandre Castant

La Photographie humanitaire

De l’image à l’humanitaire

Direction de dossiers en revues

La Photographie humanitaire
direction du dossier critique « De l’image à l’humanitaire »
in Contrejour Photographies, n° 4, avril 1995.

Les auteurs : Gabriel Bauret, Alexandre Castant, Jean-Claude Coutausse (photographe), Anne-Madeleine Durez, Alain Fleig, Edgar Roskis.

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De l’image à l’humanitaire

Photojournalistes, médecins en mission, publicitaires, tous interviennent dans la production d’images humanitaires. Quelles sont ces photographies qui écrivent l’histoire inquiète d’une fin de millénaire ? Images du monde ou monde pour l’image ?

Le photojournalisme a écrit des pages décisives de l’histoire de la photographie : des documents capitaux. Et retracer, même brièvement, l’itinéraire qui conduit de la « Concerned Photography »  à la photographie humanitaire reste l’entrée en matière de ce dossier. Où les relations entre humanitaire et médias sont au cœur du problème et interrogées… L’action humanitaire existe car les politiques publiques n’ont pas fait leur travail : elle arrive dans le fiasco qu’elles ont laissé derrière elles. Or l’on voudrait faire entendre que l’humanitaire est une politique en soi : ce n’est qu’une réponse à l’échec planétaire. Quel est alors l’engagement du photojournaliste qui accompagne ses convois d’aide, d’accompagnement, de secours ? Il est vrai que, sans l’humanitaire, les journalistes n’auraient pas accès à certains conflits, à la rencontre de certaines situations géopolitiques. Et un excès d’informations est toujours préférable à son déficit. La question oblige alors à la dialectique : comment être pour une image humanitaire ? Mais il serait insensé d’être contre. Pour un tel sujet, nous préférons la polyphonie, les avis contradictoires, les éclairages pluriels.

Ce que laisse aussi apparaître ce dossier, c’est qu’il y a d’autres photographies humanitaires que celles du témoignage historique. Ce n’est pas anodin. Tous les médecins, tous les logisticiens, ou presque, photographient en mission. Créant de véritables banques de données d’images où professionnels et amateurs, donc, composent une photothèque, bigarrée et tragique, que toutes les associations humanitaires entretiennent avec soin. Nous avons voulu, aussi, citer cette expérience de l’image nourrie de mémoire ou d’émotion, de style ou de manipulation. Pareillement, nous avons approché les campagnes publicitaires et la communication de ces associations, leur indispensable appel au don.

Ainsi, des images du « Journal Télévisé » à la photographie dans la presse nous sommes, de plain-pied, dans un monde « visuel ». Pourtant, ce qui a changé, c’est la perte progressive du sacré de l’image : son avènement médiatique entraîne l’uniformisation des sujets. Même si des artistes et des journalistes résistent encore devant cela (nous éditons ici les photographies de Jean-Claude Coutausse), la machine de guerre est en quelque sorte lancée… Et l’humanitaire n’y échappe pas sous prétexte que son sujet est grave et troublant : les images ne sont pas le réel et un esprit critique devient urgent pour être solidaire de la représentation du monde.

                                                                        

                                                                                                                                          A. C.

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Sommaire :

Introduction : De l’image à l’humanitaire, par A. C.

De la « photographie humaniste » à l’humanitaire, par Gabriel Bauret

Jean-Claude Coutausse, photographier, c’est douter, par G. B.

La photothèque de Médecins sans Frontières

L’humanitaire, un passeport pour la presse, entretien avec Robert Ménard, directeur de Reporters sans Frontières, entretien par A. C.

L’Abbé Pierre, photographe et prophète, par Anne-Madeleine Durez

Vers un photojournalisme assisté, entretien avec Edgar Roskis, journaliste au Monde diplomatique, entretien par A. C.

Jusqu’où vont les médias ? Questions aux services photographiques du Point, de L’Express, du Nouvel Observateur et de Libération, par A.-M. D.

Au-delà du sauvetage immédiat – Troisième Journée des Populations en danger, par A.-M. D.

Pornographies, par Alain Fleig, photographe et historien de la photographie

Une image au-dessus de tout soupçon, enquête sur – et sémiologie de – la communication visuelle humanitaire, par A. C.

Photographie de couverture de Contrejour : Jean-Claude Coutausse, Réfugié Rwandais, Mugunga, Zaïre, 1994.

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Les textes « De l’image à l’humanitaire » et « Une image au-dessus de tout soupçon » seront ultérieurement repris dans un ensemble de textes critiques, ouvrage à paraître.

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Site de consultation :
Bibliothèque de la Maison européenne de la photographie, Paris.

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Revue de presse :
Nathalie Lepelletier, « Entretien avec A. C. à propos de Contrejour Photographies : La Photographie humanitaire » in Europe Nuit, Europe 1, 29 mai 1995
Libération,
« Contrejour : De sang froid », 10 mai 1995.