Alexandre Castant

Le passage du temps

Écrits sur l’imaginaire du musée et le musée imaginaire

Direction de dossiers artistiques en revues

Écrits sur l’imaginaire du musée et le musée imaginaire
Sensible, hors-série n° 1, dir. par Alexandre Castant (rédacteur en chef) et Pierre Devin (directeur de la publication), Centre Régional de la Photographie Nord Pas-de-Calais, Douchy-les-Mines, mai 1996, 96p. 

Les auteurs : Gabriel Bauret, Denis-Laurent Bouyer, Charles-Arthur Boyer, Alexandre Castant, Pierre Devin, Jean-Claude Gautrand, Paul den Hollander, Pierre Jacob, Jean-Pierre Parmentier, Bernard Plossu, Wojciech Prazmowski, Patrick Ramade, Jean-Philippe Reverdot, Dominique Sampiero, Iwona Tokarska-Castant, Marc Trivier.

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Tout s’isolera,
à propos des photographies de Jean-Philippe Reverdot

L’image par défaut. Jean-Philippe Reverdot s’est écarté d’une représentation littérale du réel pour approcher une photographie de l’ellipse. Celle qui recouvre moins les apparences des images qu’elle en pointe l’épuisement. Pour les découvrir ? En révéler l’énigme ? Comme un quadrillage des lieux qui soudain convoque l’absence ? Et inversement. La réalité en marge de l’œuvre de Reverdot nous oblige à un percutant effet-retour, vers l’expérience la plus nue : la mort. Pour une œuvre hors-réel son enjeu, lui, est bien .

Les grandes images de la mort ont rarement eu celle-ci comme sujet. Elles l’ont pris comme langage. Se laissant structurer par elle comme par un projet qui ne les lâchera pas, et, tout en sachant que son sens est sans accès. À chacun ses codes. Il y a une grande quiétude dans la mort selon Reverdot : « D’une certaine manière alors que je les regarde [les photographies de Jean-Philippe Reverdot] ou même lorsque j’y songe, elles me rassurent sur ce que pourrait être la qualité de ma mort » (Bernard Lamarche-Vadel, Fatal, Musée Sainte-Croix, Poitiers, 1991).

Des motifs se répètent dans ses images. Des masses, d’abord, uniformément lisses ou dégradées, et des détails, aussi, des fragments d’éléments devenus blocs, ou changés en recadrage d’eux-mêmes. Comme les signes avant-coureurs de la mort qui structurent l’image dans une cohérence de fin en soi.

C’est à ces fragments que la Promenade dans le Musée de Valenciennes a conduit Jean-Philippe Reverdot. Le photographe découvre aléatoirement des signes, des objets, une configuration de choses précaires ou fonctionnelles qui soudain, ici, suggèrent une œuvre de Beuys ou de Janis Kounellis, de Richard Serra ou de Franz Kline. Les œuvres se parlent-elles entre elles, par-delà le temps dans l’espace du musée ? Se citent-elles les unes les autres ? Elles ne sont ici que le développement d’objets anodins, à la fonction certainement révolue avec la fin d’une exposition, qui, pour cet esprit de goût, se révèlent être autre chose qu’eux-mêmes : seulement le voyage inutile et pourtant imparable vers leur arrachement.

Pour Reverdot, la photographie ne bloque pas le regard à la surface de l’image puisque tout cela n’existe pas : le temps, chambre de service de tout ultimatum, s’avoue être un lieu d’accident où s’intègre l’histoire de l’art contemporain. Mais ce qui importe alors c’est le mot accident. Ou bien les variations auxquelles il contraint. À l’instar du format carré, dont le photographe ne s’est jamais séparé, sur un monde formellement clos : l’enclos du monde.

                                                                                                                     A. C.

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Genèse du projet, par Pierre Devin

Partie 1. De l’imaginaire du musée au musée imaginaire

Effet retour, par A. C.

De la réalité à l’imaginaire, par Patrick Ramade

Vers un musée imaginaire, par Jean-Claude Gautrand 

Entrée de la photographie au musée, par Gabriel Bauret

Le musée, le sacré et Valenciennes, par A. C.

Entretien avec Marc Trivier, par A. C.

L’anti-musée d’écrire, par Dominique Sampiero

Partie 2. Mission photographique sur la rénovation du musée de Valenciennes 

Paul den Hollander,
Le Messager par Paul den Hollander  

Pierre Devin,
Il souleva la bouche de son affreux repas… (Dante) par Denis-Laurent Bouyer

Jean-Pierre Parmentier,
Texte de Pierre Jacob

Bernard Plossu,
Architecture-Photographie par Charles-Arthur Boyer

Wojciech Prazmowski,
Texte de Wojciech Prazmowski traduit du polonais par Iwona Tokarska-Castant

Jean-Philippe Reverdot,
Tout s’isolera par A. C.

Bibliographie
Table des matières
 

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L’entretien avec Marc Trivier intitulé « L’Enlèvement par la littérature » a été repris dans Écrans de neige, photographies, textes, images (1992-2014), Éditions Filigranes, coll. « Essai » , Trézélan, 2014, chapitre « Les passagers : Littératures ».

Le texte « Tout s’isolera, à propos des photographies de Jean-Philippe Reverdot » sera ultérieurement repris dans un ensemble de textes critiques, ouvrage à paraître.

 

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Site de consultation :
Bibliothèque de la Maison Européenne de la Photographie, Paris.

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Revue de presse :
Art Press, « Sensible », 218, novembre 1996
Le Photographe, « Sensible », octobre 1996
Critique d’art, « Sensible », 8, octobre 1996
Contretype, « Sensible », Bruxelles, septembre 1996
Photographies magazine, « Sensible », juillet-août 1996.